Critique de disque. « Tous les villages disposés comme des perles / Sur la Loire douce à mon cou parfaitement »… Les mots, parfois mystérieux, de Jacques Bertin filent entre les flots de notes telles les barques sur la Loire. Elles sont rares, direz-vous. Oui, tout comme la poésie de ce barde discret installé dans cette région de France où s’élèvent de nombreux et élégants châteaux. Bertin a commencé à se faire connaître dans les années 1970, époque pendant laquelle la chanson française est encore dominée par de grandes figures comme Léo Ferré. Ce n’est pas faire injure à notre artiste si l’on dit que son travail est proche de celui de l’arnarcho-monégasque. Le verbe de Bertin émeut par son lyrisme retenu, soutenu qu’il est par des orchestrations doucement mélancoliques – les cordes y dominent. Peu enclin à se mesurer aux hydres du show business, le chanteur n’a jamais vu l’une de ses chansons devenir un tube. C’est dommage, même si cela n’a pas vraiment l’air d’avoir jamais été son propos. Être apprécié, comme lui, d’un public conséquent et fidèle qui le suit de décennie en décennie, c’est déjà quelque chose de remarquable. Judicieusement présent dans l’intéressante collection Poètes et Chansons du label EPM, le voici devenu un classique. On dit souvent que dans ces régions où coule la Loire, on parle une langue française très pure. Qu’en est-il en vérité ? Une chose est sûre, c’est que Jacques Bertin fait honneur à cette dernière.
Michel Doussot
Mis en ligne en 2004 sur routard.com
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