Interview. André Ceccarelli est un pilier de la scène jazz française. Un demi-siècle après ses débuts, il n’a rien perdu de son goût pour l’aventure. Ce batteur présente durant deux soirées le nouveau trio qu’il constitue avec Sylvain Beuf aux saxophones et Julian Oliver Mazariello aux claviers. Leur musique est d’une fraîcheur et d’une vivacité rares.
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Un trio sans basse, ce n’est pas courant…
Oui, mais il n’a pas été créé selon une idée préconçue. Comme souvent dans le jazz, les projets naissent d’une rencontre, le plus simplement du monde. Celui-ci vient du fait qu’il y a deux ans j’ai passé une super soirée à Naples à jouer avec Julian Oliver Mazariello. L’idée n’était pas d’éviter la basse, mais d’essayer quelque chose. Comme ce claviériste a un sens du rythme très développé, notre actuel trio a trouvé son équilibre.
Après 50 ans de carrière, vous lancez toujours de nouveaux projets. Comment entretenez-vous la flamme ?
Hou la, la, oui, c’est vrai, j’ai commencé à 14 ans et j’en ai 63… En fait, je me nourris de tous ces projets. Imaginer un projet, c’est presque plus jouissif que de le réaliser. Et quand on l’a réalisé, il faut passer à autre chose. J’ai la grande chance de pouvoir jouer avec des gens qui sont plus jeunes que moi et souvent plus inspirés. Ils me tirent vers le haut. Ça m’aide à vivre, ça. Je me demande d’ailleurs ce que je pourrais faire d’autre. Évidemment, j’ai mal aux mains, etc., mais enfin, faire de la musique, ça efface tout. J’adore jouer du jazz parce que j’ai l’impression de me réaliser, de faire quelque chose de magique.
Quelle est votre définition du rôle de la batterie en jazz ?
Comme tout instrumentiste, le batteur doit, depuis sa place, avoir comme principe de jouer avec les autres. La principale qualité d’un musicien, c’est l’écoute. Il faut sublimer ce que ses camarades créent, sans le déranger ; on peut être délicat ou brutal, peu importe. Le jazz a besoin de ces contrastes. Tout est possible, c’est ce que j’adore.
Propos recueillis par Michel Doussot
Les 1er et 2 mai. Sunset. 60, rue des Lombards, 1er. Tél. 01 40 26 21 25. À 22h. 20 et 22 €. Nouveau cd : « Sweet People » (Cam Jazz).
Parution dans le magazine Paris Capitale, avril 2009.
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