Interview. Chanteur à la voix alto et meneur du Seminario Musicale, Gérard Lesne propose ce soir un spectacle hors du commun. Dans Le Mythe du centaure, il concilie en effet l’art équestre et la musique baroque. Des airs de Luigi Rossi (vers 1597-1653) sont au programme de cette féerie donnée dans le cadre des ruines de l’abbatiale sur le site de l’abbaye de Royaumont.
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Mêler musique et art équestre n’est a priori pas une chose facile…
Comme je pratique l’équitation et que j’aime mélanger les disciplines, ce n’était pas difficile pour moi d’imaginer ce spectacle et, à présent, de l’interpréter. C’est sans doute moins évident pour l’écuyer qui, lui, a plus de handicaps techniques à surmonter. Il a par exemple besoin de repères rythmiques pour effectuer galops, trots ou couchés. Mais nous avons trouvé des solutions…
Comment le spectacle va-t-il se dérouler ?
Le personnage du centaure Chiron est fascinant. La mythologie nous raconte qu’un jour, blessé accidentellement par l’épée empoisonnée de Héraclès, cet être mi-homme, mi-cheval inventé par les Grecs de l’Antiquité s’est trouvé plongé dans d’atroces souffrances. Pour en finir, il dut échanger son immortalité avec Prométhée. S’appuyant sur cette histoire, le spectacle est une évocation de la folie humaine, le thème des douleurs causées par la passion amoureuse en étant l’illustration. Mon rôle consiste à chanter et à faire le narrateur. La musique est axée sur les compositions de Luigi Rossi à laquelle s’ajoutent trois pièces de mon cru, mi-écrites, mi-improvisées dans le registre de la monodie grecque orientale. Les jeux de lumières clair-obscur, la présence de marionnettistes, de même que le lieu, vraiment magique, où nous allons nous produire : tout ça va nous aider à créer une ambiance incertaine, propice au rêve. Le public sera assis sur des gradins installés en plein air, sur le parvis de l’ancienne église de l’abbaye avec, en arrière-plan, un paysage de verdure.
Quand on entend « spectacle équestre et musical », on pense à Bartabas…
Oh, ça n’a rien à voir ! Il était évident que nous n’allions pas faire la même chose que lui. La grande différence est que dans notre spectacle, la musique est encore plus présente et que, de toute façon, il ne s’agit pas du même univers musical.
Avez-vous d’autres projets de ce type ?
J’aimerais bien travailler avec une troupe de hip hop. Sans abandonner mon domaine de prédilection, je suis arrivé à un moment où mon ambition est de faire cohabiter toutes mes envies ! Je crois que ce genre de projet et le spectacle que nous donnons à Royaumont sont des passerelles nécessaires. C’est comme ça que la culture a des chances de s’en sortir. À condition bien sûr de ne pas faire de compromis ni de perdre son âme !
Propos recueillis par Michel Doussot
21 septembre. Fondation Royaumont. Abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise, 95. Tél. 01 34 68 05 50. A 20h45. 16 et 20 €.
Parution dans Paris Capitale, septembre 2008.
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