Interview. Ce trio à vents nous entraîne dans un voyage dans le temps en remontant à la naissance du jazz. Il s’empare des formes premières de cette musique et les restitue à sa manière, laquelle est à la fois sérieuse et ludique. Ce beau travail est l’œuvre de Michel Feugère (trompette, bugle), Frédéric Couderc (saxophones, clarinettes, flûtes) et Julien Chirol (trombone), lequel se fait ci-dessous le porte-parole d’un ensemble dont le nom jette un pont entre notre début de siècle et celui du précédent, qui fut une période de créativité phénoménale.
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Votre trio est né récemment, mais vous n’êtes pas des débutants…
Nous jouons ensemble depuis une vingtaine d’années en diverses occasions. Nous avons notamment participé à des enregistrements d’albums de Jane Birkin, Jean-Louis Aubert ou Feist. L’envie de mettre notre complicité au service d’un projet qui nous tiendrait chacun profondément à cœur s’est concrétisée à partir de notre goût pour la musique française classique du début du 20e siècle, ainsi que pour le jazz des premiers temps qui en était le contemporain. Nous avons cherché à souligner les connexions entre les deux, lesquelles existaient de part et d’autre de l’océan.
Pourquoi vous focalisez-vous sur Chicago ?
Le jazz est né à la Nouvelle Orléans, ville très influencée par la culture française, mais beaucoup de musiciens sont partis pour Chicago où s’est alors constituée une scène très intéressante.
Votre projet ne se situe pas dans une optique revival…
Nous réinterprétons en effet cette histoire à notre manière. Tantôt écrite tantôt improvisée, notre musique peut aussi bien sonner comme celle d’un trio classique que comme celle d’une mini fanfare. La contrainte de jouer uniquement avec nos instruments à vents, donc sans rythmique, nous a stimulé.
Il y a quelque chose de cubiste dans votre musique car vous jouez avec les formes…
C’est exactement ça. On peut également citer l’Art Déco dans nos sources d’inspiration. Tout comme le cubisme, c’est un mouvement qui a eu une résonance internationale à l’époque qui nous intéresse.
Ce que vous nous offrez est le fruit d’un travail très pensé, mais on sent aussi chez vous une envie d’interpréter vos morceaux avec une certaine légèreté…
L’aspect ludique de notre musique est essentiel pour nous. Si l’on fait de la musique en oubliant de jouer, au sens strict du terme, on passe à côté de quelque chose d’important. Particulièrement quand on évoque le jazz des premiers temps qui est pour une grande part joyeux, festif, dansant… C’est d’ailleurs cela qui l’a rapidement rendu populaire dans le monde.
Propos recueillis par Michel Doussot
Le 18 décembre. Studio de l’Ermitage. 8, rue de l’Ermitage, 20e. Tél. 01 44 62 02 86. http://www.studio-ermitage.com. À 21h. 15 et 20 €. « À la manière de Chicago », cd Music Unit.
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Parution dans le magazine Paris Capitale, décembre 2017.
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